Chapitre 2 : Laetitia, prisonnière du passé

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Chapitre 2 : Laetitia, prisonnière du passé

Laetitia se tenait sur le balcon de ce prestigieux appartement parisien et refusait de s’endormir. La brise printanière du mois de Mai lui rafraîchissait les idées. Elle ne voulait pas fermer les yeux devant cette   représentation ‘’parfaite’’ du bonheur. Après tout, elle était sur le point de réaliser le rêve de Pauline, sa mère ! Un rêve de princesse, si précieusement emprisonné dans une boîte à pensées. Dans une autre pièce, Pauline s’était déjà endormie en songeant  aux couleurs des décors, aux  buffets et à la traine longue et blanche qui défendrait son honneur dans quelques heures. Soudain, une pensée traversa l’esprit de Laetitia à la vitesse d’une étoile filante. Elle aperçut quelque part dans ce ciel assombri, le grand sourire d’une mère contemplant le cheminement de sa fille vers l’autel. Elle en devint tourmentée et ses idées trainaient le pas vers l’avenir….


La marche mémorable vers le Prince Charmant, cette mère l’avait toujours souhaitée pour sa fille et peut-être bien pour elle aussi. On ne peut conter l’histoire de Laetitia sans celle de sa mère Pauline tellement leurs deux vies s’entremêlent….Laetitia commence ses premiers pas  très loin de la vie de châteaux. Elle a grandi dans un quartier plutôt modeste de la banlieue abidjanaise, fille unique d’une mère célibataire qui s’est battue pour pouvoir lui offrir le meilleur. Laetitia est d’une grande beauté et d’un caractère rebelle. Ses amies lui rappellent souvent  ses mini jupes des années d’insouciance  et de sa démarche audacieuse sur l’allée principale du Lycée.  Ses admirateurs se tenaient de part et d’autre, captivés comme des fans sur le tapis rouge du Festival de Cannes. Laetitia se prêtait au jeu et se déhanchait à volonté oubliant les cahiers…. 
Cette audace lui avait même octroyé un billet en première classe hors des salles de classes. A 17 ans, ses yeux ambitieux et son allure de star lui décrochent un contrat de mannequin dans une agence internationale. L’aventure se poursuivit pendant plusieurs années ; elle multipliait les voyages de Londres à Tokyo. Un style de vie qui déplaisait  à Pauline ; encore marquée par des blessures jamais cicatrisées… Laetitia a vu le jour alors que Pauline s’apprêtait à entrer à l’université. Tombée dans les mailles du filet enchanteur d’un homme marié, qui s’enfuit aussitôt que cette grossesse illustrait le fruit du péché. A cet instant la porte de  la douleur s’ouvrit dans sa vie et le livre de contes de fées se referma presque immédiatement.


Ce  traumatisme avait trouvé refuge dans les pensées de Pauline. Par Instinct maternel ou soif de vengeance, elle se jurait de ne jamais léguer à sa fille cet héritage lourd à porter. Quand Laetitia lui présenta Ludovic, ce jeune et charmant homme d’affaires issu d’une famille bourgeoise du Nigéria, elle poussa un OUF de soulagement. Il était bien éduqué et avait la tête sur les épaules, pensait-elle. Il prendrait surement soin de sa fille, l’épouserait et tous deux auraient de nombreux enfants et vivraient des jours heureux dans un château. Un Château de sable qui donnerait vue sur l’océan du bonheur. Pour elle c’était scellé, le mauvais sort qui jadis eut raison d’elle, serait désormais conjuré !
Hélas ce château de sable ne saurait résister à la force des vagues et encore moins aux sourires de façade…Derrière cette éducation de gentil garçon, Ludovic était un tyran. Il avait lui aussi un rêve celui de dominer la terre ! Dominer sa femme, les autres, la vie …. Rêve digne d’un prince héritier, pourri gâté. Il convaincu Laetitia de tout abandonner : sa passion pour la mode, la marque de vêtements qu’elle venait de créer  … et tout ce à quoi elle aspirait.  En retour, il lui offrait de s’installer  avec lui près de l’avenue prisée des Champs Elysées avec au poignet sa première montre Cartier. Une montre qui lui ferait oublier le temps. Le temps où elle savourait sans compter la liberté d’exister.


Exister par des fous rires et de la  joie de vivre ! Une vie loin des sorties mondaines et du jargon pétrolier. Elle devenait nostalgique de ce passé sans préjugés. Un soir elle organisa un diner avec deux de ses amies de passage à Paris. Cette escapade nocturne lui couta la rage de Ludovic ! Ce contrôleur contrôlé par le trop plein d’argent et le besoin de domination. Ce soir-là  Ludovic enleva son masque de prince charmant et battu Laetitia. Cet acte ignoble,  lui laissa des bleus sur ces jambes qu’elle exposait fièrement autrefois…Il se fit pardonner avec des roses larmoyantes et des diamants envoûtants. Laetitia venait tout comme sa mère de refermer le livre des contes de fées et la cellule de la douleur fut ouverte par son silence.
Sur ce balcon, cette nuit blanche faisait tâche sur sa belle robe blanche. Robe haute couture acquise au prix des blessures de son cœur et de son corps. Car Le prince héritier ne jurait que par la violence. La soumission de la belle lui garantissait ainsi monts et merveilles. Une femme se tenait face à elle-même…  Laetitia n’aimait plus la personne qu’elle était devenue. Elle était tombée par naïveté dans cette prison du passé. Celle qui nous fait courir vers ce qui semble être la clé…. Elle avait prétendue être heureuse trop longtemps .Tout ce qu’elle voulait secrètement c’était de voir pour une fois le sourire de sa Maman. Que faire à quelques heures du Mariage ?  A  quelques instants du passage ?  S’affranchir et croire encore en l’avenir ?  Se réduire au silence et accepter sa sentence ?


La fin de l’histoire c’est Laetitia qui l’écrira.  Cette relation particulière mère-fille … Le désir secret d’une mère de revivre à travers sa fille…. Cette confiance aveugle dans les apparences  Des sourires hantés par des souvenirs… Des diamants qui cachent des pansements… Un passé qui s’oppose à la liberté ….. Dans la recherche de notre identité et face aux décisions importantes de la vie,  devons-nous opter pour un béni OUI-OUI ? En y pensant, ne jugeons ni cette fille, ni sa mère trop sévèrement. Nous avons aussi eu ces moments de bataille avec «  Le qu’en dira-t-on ».La vie est faite de grandes blessures et de grandes peines ;  d’actes posés par ignorance et inconscience…Il nous faut continuer de croire qu’en Dieu tout est possible.  Lui seul peut nous juger et nous affranchir.
 
Ne rater pas le prochain chapitre sur une autre femme : Anaïs, en mission pour la vie
Fabienne LEPRY


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